Une limonade pour Kafka
de Xavier Person, Éditions de l'Attente (2014)
"Je me tiens dans l'obscurité et j'écris ceci en regardant ce que je vais voir apparaître à cette fenêtre, à cette seule fenêtre allumée dans la nuit encore, j'écris ceci en attendant."
Ce qui me donne du courage pour parler de ce livre exemplaire et si nécessaire, lu aujourd'hui, c'est la question sur laquelle il s'ouvre : "Sur quoi écrit-on vraiment en écrivant sur le texte d'un autre ?" Voici que je me tiens sur le bord de ce livre, interdite. Je lis dans chaque numéro du Matricule des Anges la page "Quartier libre" de Xavier Person parce que, chaque fois, une clairière s'ouvre, ou des nuages y jouent avec la plus impalpable des lumières. Une limonade pour Kafka se glisse entre ses marges, entre ses blancs, et moi lisant le texte je perds pied, et ce que je lis m'exile toujours plus loin, me défait, me rend au mutisme qui l'habite et me mine. Alors, alors seulement, je commence à écrire, recopiant encore :
"Voulant parler, je n'ai parlé que de feuilles
Puis, quelques devinettes d'eau
très vite brouillées"
André du Bouchet, Une lampe dans la lumière aride, Éd. Le Bruit du temps, p.39.
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