Signes incertains
Découverte de : Tunisie, Carnets d'incertitude, de Cécile Oumhani (Éditions elysad, 2013). Écrits entre 2011 et 2013, à Paris et en Tunisie.
Des poèmes.
Celui-ci, particulièrement :
JOURNAUX DU MATIN
Radieux, le patio de février.
Il repousse les territoires de l'ombre. Corps à
corps muet, ininterrompu. Le linge sur la ligne
lève les bras au ciel.
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Une par une, les pages des journaux que tu
apportes. Leurs feuilles s'ébrouent en longs
froissements d'encre. Le nouveau gouvernement,
c'est aujourd'hui ? Demain ?
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Tant d'attente. Brahim, tu te lèves. Une par une,
coupes les branches devant la fenêtre assombrie
de feuillages.
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Claquement sec des cisailles. Trancher vif, au
coeur du sujet. Bruit de métal. Plainte du bois
que tu scies, sans t'arrêter. Le linge sur la ligne
tremble. Soupire avec la brise.
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Une autre cache d'armes découverte dans le
centre du pays. Des drapeaux noirs. Des sala-
fistes.
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sur les carreaux du patio, les branches s'amon-
cellent, vert sombre. Figé contre la terrasse, le
laurier sèche ses moignons.
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Des giclées de clarté traversent la vitre. (p.110-111)
Ce qui me touche tant ? - Cette suspension du linge incertain au vent ou des feuilles du journal ou la palpitation d'un feuillage, le claquement du sécateur sur les branches du laurier ou celui des armes dans le djebel, quelque chose se brise, la sève de l'arbre coule ou des larmes ou la clarté qui grandit...
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