Les Oiseaux de Tarjei Vesaas
Les Oiseaux, de Tarjei Vesaas (Éditions Plein Chant, 2008)
Un grand livre, un livre merveilleux : Les Oiseaux, de Tarjei Vesaas (Éditions Plein Chant, 2008). Il y a l'histoire triste et toute simple de Mattis, et il y a la relation au monde de Mathis. Une relation est un autre mot pour histoire, ici, ce serait plutôt poème. Il y a ces beaux moments où passe une bécasse, où s'arrondit une pierre, où tremble l'eau du lac, il y a ces messages échangés dans la boue d'une fondrière entre les empreintes laissées par les pattes des oiseaux et les signes que laisse Mattis gravés pour eux.
Régis Boyer, le traducteur, explique dans la préface que le norvégien utilise des tournures impersonnelles qui donnent à l'énonciation un singulier pouvoir, celui de faire entendre une sorte de voix intérieure du personnage exprimée par des incises comme fut-il dit en lui, le traversa-t-il, éclata-t-il en lui... R.B. précise : c'est la nature instinctive, primitive, essentielle qui s'exprime de la sorte, cette voix intérieure, donc, parle en profondeur, au-delà du langage organisé et conscient. En sorte qu'au niveau de l'expression et de l'écriture même, le texte, lui aussi, chemine sur deux plans : celui de l'organisé, du personnel (grammaticalement) où les personnages agissent et où « l'histoire » progresse jusqu'à son point final, et celui de l'impersonnel, du non-rationnel qui ne s'intéresse guère qu'à Mattis et qui n'est limité par aucune de nos catégories rhétoriques ou mentales.
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