Écrire d'ombre
Hongrie, d'Anne-Marie Garat, Actes-Sud, 2009
Ce serait une rêverie glissée dans une syncope du temps, un moment d'absence, lorsque l'on renonce à la vigilance qu'appellent les signaux du monde pour accueillir la confusion d'heures entre chien et loup. Tenter, dans cet état de disponibilité, de tirer doucement les fils qui donnent accès à un territoire ignoré, incréé avant ce battement bruissant qui permet d'y accéder, un territoire limbial noyé d'ombres en attente de leur histoire. Non pas tant territoire du souvenir que mémoire lacunaire, nébuleuse d'images mystérieuses insistant en silence avec, pèle-mêle, un bout de chiffon bleu, un vieil abécédaire, une bêche, une poignée de terre, l'odeur d'un seringua, un éclat de verre brisé... Quelques figures traversent cette nuit, s'évanouissant comme le chat de Lewis Carroll parmi les branches.
Donner à ce territoire un nom, Hongrie, par exemple. Sans l'ombre d'un Magyar cependant dans la file des ascendants connus.
Ce propos n'épuise pas le court – 50 pages – texte d'Anne-Marie Garat qui réserve bien d'autres allées où engager la réflexion ou l'écriture.
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