De la vérité de la fiction

À propos de La Vérité sur Marie, de Jean-Philippe Toussaint, Minuit, 2009

          Dans le fulgurant roman de Jean-Philippe Toussaint, La Vérité sur Marie,1 ce récit fait de blocs d'énergie pure, une scène hallucinée : un pur-sang galope sous l'orage sur le tarmac d'un aéroport, poursuivi par des voitures toutes sirènes hurlantes. Mais, du point de vue de la fiction, le point d'orgue est ce moment impossible où le cheval, Zahir, enfin embarqué dans le ventre du cargo, se met à vomir tandis que le narrateur reconnaît que « dans la réalité, les chevaux ne vomissent pas, ne peuvent pas vomir (il leur est physiquement impossible de vomir, leur organisme ne le leur permet pas [...] » et qu'un cheval qui vomit est la proie d'un monde où « les turbulences du ciel sont des fulgurances de la langue ». Peu d'ouvrages offrent un aussi bel exemple affirmé de la fiction littéraire dont le personnage de Marie, à la folle nudité, serait la troublante figure.

 

1Les Editions de Minuit, 2009.

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