La terre, l'eau, le ciel

La terre, l'eau, le feu, le vent

« Ils s'en vont dans le désert et sur les mers. Là où la solitude est la plus totale, ils s'ingénient à jouer avec les éléments naturels. […] Leurs œuvres éphémères sont aussitôt balayées par le vent, emportées par les vagues. »1

 

          Des artistes ne se contentent plus d'être des peintres paysagers mais regardent les éléments naturels comme des matériaux artistiques et réalisent in situ des œuvres créées pour ce lieu. Elles surgissent et restent là, offertes aux aléas météorologiques ou géologiques, épousent le devenir du site modifié par leur création.

          04Dans l'Estuaire, entre Nantes et Saint-Nazaire, il y a à Lavau-sur-Loire une oeuvre de Land Art, L'Observatoire, de Tadashi Kawamata, qu'on peut parcourir entièrement, en marchant. Une roselière au milieu de nulle part, un ciel changeant tourmenté par l'immensité du vent, le miroitement de l'eau, une terre inondée, mi-rive mi-fleuve, une passerelle sinueuse entre les cannes des roseaux jusqu'à une tour semblable à ces cabanes de bois surélevées où l'on a toujours rêvé de s'installer pour guetter les oiseaux... De là-haut, on voit le vert et le gris de la terre et de l'eau qui s'en va vers la mer, des vaches, les cheminées de la Centrale, un clocher et les constructions portuaires. Lumière et ombre, courbes du fleuve, chenaux, crevasses, enchevêtrements, racines, herbages, les textures du sol et les flux et reflux de l'eau et de l'air... Perdre pied. Bleu si bleu, et couleur de mousse, vert tendre devenu rouille, les roseaux ondulent, la ligne d'horizon est perdue, il pleut vers le soir. Le regard est un oiseau qui sculpte dans l'espace rendu des sillons diaphanes.

 

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1C'est avec ces mots que le critique d'art John Anthony Twaites commentait le film Land Art en 1969.

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