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  • Les exilés

     

    Des signes sourds muets encombrent le chemin

    C’est dans la tête une sidération

    Le ciel très bleu qui tombe jusqu’au sol

    Comme un mur

    Transparent

    Tous les bruits toutes les voix

    Froissées

    Impénétrables rebondissent

    Les sons les plus durs se condensent

    Quelques voyelles s’évaporent dans la poussière

    Ce dessaisissement du monde est si violent

    Si douloureux

    Aux marges d’un silence intérieur

    Aux bords des peines

    Ce ne sont même pas des mots

    Les choses demeurent dans la lumière du matin

    D’autres s’en emparent

    L’évidence reste silencieuse

    On ne possède plus que ce qu’on a perdu

    L’étonnement a l’innocence d’une chute

    Ces heures qui refusent de naître

    Se taisent ou bien parlent sans fin après Babel

    Juste un chant

    Le plus ancien

    Entre les dents

    Il y a dans la cour

    La musique d’un harmonica

    Mon aimée danse parmi les ombres

    Mon aimée berce son enfant

    Qui l’entendra ?

    Tous ceux qui me sont chers crient

    Qui entendra ?

    Un mot encore

    Brûle les lèvres

     

    Nema Revi, Les Exilés, texte XI

     

     

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