Éclaircie

          Les Carnets d'André du Bouchet, Une lampe dans la lumière aride, me portent littéralement, m'accompagnent partout.

 

          Ce qui est troublant quand on regarde - je ne dis pas quand on lit - certaines pages de L'ajour (Gallimard / Poésie), c'est qu'on est à ce point sensible au blanc de la page que les lignes, les mots écrits apparaissent comme des tracés abstraits, des traits à l'encre dans l'espace, à la manière des calligraphies japonaises ou chinoises, ou bien c'est le blanc qui semble dessiné, sculpté par les  empreintes noires. Très différents des Calligrammes complètement investis par le sens. 

     Il y a des points communs entre cette poésie et les oeuvres (gravées ou peintes) de Claire Borde, dans lesquelles je trouve quelque chose de l'ancienne peinture chinoise. Ces phrases relevées dans les Carnets me paraissent même très proches de la démarche de Claire :

- "IL N'Y A PAS DE POINT DE VUE" (p.122)      

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- "Poésie

     simplement respirer" (p.240)

 

- [...] ce qui s'ajoute de clarté

             ...

partir jusqu'à ce que l'on rencontre la terre _

et revenir

traverser l'air, et revenir.

respecter les moments vides

             et revivre ce vide ( p.248)

 

- [...] cette humilité

                          où les moyens de l'homme se font aussi muets et transparents que possible et peu visibles _

[...]

une étendue émouvante et sensible _ aussi loin que les sens peuvent aller _ jusqu'au cadre horizon  (p.224-225)

 

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