"À pas aveugles de par le monde"
- Par Nema Revi
- Le 04/09/2013
- Dans carnet de notes
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Dans la préface « Frère d'âme » que Aharon Appelfeld consacre au roman de Leïb Rochman, À pas aveugles de par le monde (trad. Rachel Ertel, Denoël, 2012), il y a cette phrase :
« Je parlais de nombreuses langues, mais j'étais sans voix. »
A. Appelfeld évoque là les années qui ont suivi la guerre, alors qu'il essayait d'écrire, avec « le sentiment d'être étranger à la parole ».
Cette phrase dit la distance à la langue de celui qui parle, toujours dans la langue des autres. Exil.
A. Appelfeld évoque là les années qui ont suivi la guerre, alors qu'il essayait d'écrire, avec le sentiment d'être étranger à la parole. Il avait appris l'hébreu en Israël, le yiddish n'était que partiellement sa langue maternelle, mêlé d'allemand et d'autres langues apprises pendant la guerre. Il raconte que lorsqu'il a fait la connaissance de Rochman, il a pu entendre pour la première fois un yiddish pur, rythmique, qui ne caressait pas seulement l'oreille mais berçait tendrement le cœur. (p.7)
Et cette dernière phrase me rappelle ce que disait L. de sa relation au breton. C'est une langue qu'elle a entendue de façon furtive dans son enfance, il était parlé par sa grand-mère sauf cependant lorsque celle-ci s'adressait à elle, de sorte que L. entendait le breton sans le comprendre. Aujourd'hui, entendre cette langue la plonge dans un univers de douceur : « comme si une pluie de douces plumes » glissait autour d'elle, dit-elle.
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