"Pas de hors-d'oeuvres"

Extrait d'une lettre de Jean Vilar à sa femme, Andrée schlegel :

          [...] J'imagine avec goût que dans toute oeuvre d'art, à quelque discipline qu'elle appartienne, tout ce qui n'est pas nécessaire est mauvais. Que la parfaite oeuvre d'art est celle où tout ce qui est écrit ou tracé ou peint est nécessaire, est complémentaire. Pas de hors-d'oeuvre. Pas de remplissage. Une logique nue. Que le nécessaire ! Le strict nécessaire ! Mais beau, bien sûr. Quand on a de l'instinct (donc le don de création) et qu'on s'est asservi aux exigences de l'école (école dans le sens général d'apprentissage), le difficile est non pas d'imaginer ou de pondre (car on est toujours prolifique entre 23 et 30 ans), mais de choisir dans ce que nous donne, nous offre trop obligeamment l'imagination ou l'inspiration. Le difficile est dans le choix. Il faut volontairement se serrer la ceinture. A quoi sert cette scène ? A pas grand-chose ? Eh bien je la bazarde ! A quoi sert cette ligne, ces lignes qui se reproduisent et se copient l'une l'autre pour représenter la mer ? A rien de vrai ? Remplissage, donc ? Je bazarde. [...]

          Lettre reprise des Cahiers Jean Vilar et citée dans Le Magazine littéraire de mars 2012.

 

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